Régulation du stress, lutte contre lʼinsomnie, contrôle des émotions et de lʼattention… Savoir bien respirer apporte un véritable avantage pour vivre mieux. Alors, comment sʼy prendre ?

Nouveau-nés, nous entrons dans la vie par une grande inspiration.
Et nous quittons l’existence en rendant notre dernier souffle, dans une ultime expiration, le terme « expirer » est même, dans de nombreuses langues, un équivalent de « mourir ».
Voilà pourquoi, depuis toujours, les humains associent le souffle à la vie.
Et à son corollaire, le bon fonctionnement du corps et de l’esprit.
Dès le premier millénaire avant notre ère, le taoïsme chinois et l’hindouisme insistent sur l’importance d’un « fluide vital » irriguant notre corps, une sorte d’énergie ou de souffle intérieur, dont la respiration serait une des manifestations.
Les Chinois nomment cette énergie Qi et les Hindous Prana (c’est un des concepts clés du yoga). Un peu plus tard à l’ouest, le pneuma des Grecs renvoie, comme la rûah des Hébreux, aux deux dimensions du déplacement de l’air et de la présence divine ; c’est pourquoi, dans les langues latines, le terme spiritus est à l’origine à la fois du terme esprit et du mot respiration.
Très tôt apparaissent aussi des conseils pour moduler sa respiration et influencer le cours de sa santé et de sa spiritualité. Ainsi, le yoga Pranayama (terme signifiant «rétention du souffle ») considère que c’est un moyen pour accroître sa longévité. Il s’agit de la première doctrine théorisant l’intérêt du contrôle respiratoire, environ sept siècles avant notre ère.
À l’époque moderne, le médecin allemand Johannes Heinrich Schultz élabore le «training autogène ». Née dans les années 1920, cette méthode de relaxation, qui se fonde en partie sur une respiration lente et profonde, est sans doute encore aujourd’hui la plus célèbre en Occident.
Dans sa codification contemporaine, la méditation de pleine conscience fait elle aussi la part belle aux exercices basés sur le souffle.
Pas une technique de relaxation, d’apaisement ou de méditation, donc, qui ne fasse appel au souffle : s’appuyer sur la respiration est sans doute le plus petit dénominateur commun de toutes les approches de pacification du corps comme de l’esprit.
Esprit sous influence
Que les émotions influencent le corps, nous le savons tous.
L’exemple le plus simple est peut-être le sourire : quand nous sommes heureux, les coins de notre bouche se soulèvent automatiquement et les bords de nos yeux se plissent pour former cette expression si caractéristique.
De même, lorsque nous sommes apaisés et en sécurité, au repos ou engagés dans un échange social agréable, notre respiration ralentit et s’approfondit ; nous sommes alors sous l’influence de notre système nerveux parasympathique, qui produit un effet relaxant. À l’inverse, lorsque nous avons peur, lorsque nous souffrons et sommes dans la tension et l’inconfort, notre respiration devient plus rapide et superficielle. C’est maintenant le système nerveux sympathique, responsable des diverses réactions de l’organisme au stress, qui est activé.
Mais ce que l’on sait moins, c’est que l’influence s’exerce aussi en sens inverse. De nombreux travaux attestent que lorsque nous faisons sourire notre visage, cela rend notre cerveau un peu plus heureux ; nous éprouvons alors davantage d’émotions agréables. Et la respiration a également un pouvoir tout particulier sur notre esprit.
Auteur : Christophe André est médecin psychiatre à l'Hôpital Sainte-Anne de Paris. http://christopheandre.com
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